Éco-conception et affichage environnemental

Qu’est-ce que l’affichage environnemental ? À quoi sert-il ? Sur quoi se base-t-il ? Dans le contexte de transformation sociétale que nous vivons, nous avons vu arriver l’étiquetage environnemental sur de nombreux produits de consommation. Que vous soyez producteur ou consommateur, vous devez connaître la pertinence de ce type d’affichage. Sans oublier l’impact sur le choix final de l’utilisateur et sa place dans l’économie circulaire.

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L’affichage environnemental, c’est quoi ?

L’affichage environnemental concerne les produits et les services. Le but est de communiquer au client des informations sur l’impact environnemental du produit, calculées sur l’ensemble de son cycle de vie. L’objectif est d’orienter les achats du consommateur en faveur de l’économie circulaire, en lui partageant des informations pertinentes, objectives et comparables afin de valoriser les efforts d’éco-conception mis en place par les producteurs. Il faut noter que l’affichage environnemental est un dispositif public encadré par une réglementation commune (la norme BPX 30-323 en France et le PEF et l'OEF en Europe). Cependant, c’est une démarche volontaire pour les entreprises. Que dit la loi ? Selon la loi de transition énergétique pour la croissance verte qui régule les allégations environnementales et la lutte contre le green washing :

« Afin de garantir la qualité de l’information environnementale mise à la disposition du consommateur, les producteurs réalisant volontairement une communication ou une allégation environnementale concernant leurs produits sont tenus de mettre à disposition conjointement les principales caractéristiques environnementales de ces produits. »

À propos du green washing : aussi appelé en français l’éco-blanchiment ou désinformation verte, il s’agit d’affirmations à vocation publicitaire infondées, biaisées ou partielles dans le but de faire paraître un produit plus écologique qu’il ne l’est vraiment. Et donc d'influencer le choix du consommateur.

L'étiquetage environnemental des produits

L’étiquetage environnemental est une expérimentation nationale dans laquelle la France a été pionnière depuis le début des années 2010. Cette première expérimentation de 2 ans (2011-2013) a notamment concerné des produits alimentaires et textiles et a engendré un premier rapport qui a mis en avant les critères suivants :

• Une expérience novatrice pour la France ;
• La pertinence d’une démarche multicritère sur l’intégralité du cycle de vie ;
• L’optimisation de la compétitivité économique et de la performance environnementale ;
• La confirmation d’une attente des consommateurs.

La plupart du temps, l’affichage environnemental est mis en avant dans la publicité du produit sous la forme d’étiquette ou d’informations imprimées sur l’emballage. L’affichage environnemental peut aussi être mis en avant dans le bilan annuel de l’entreprise. Il concerne principalement la recyclabilité et les impacts sur les ressources naturelles. Une trentaine de secteurs ont été concernés par la première expérimentation de l'étiquetage envronnemental en France. Parmi eux, on peut citer (liste non-exhaustive) :

• Les produits alimentaires, café, produits laitiers, boissons spiritueuses ;
• TV, téléphones portables, ordinateurs portables et tablettes, cartouches d'impression ;
• Lessives, shampoings, gels douche ;
• Hygiène : couches, papier toilette, essuis-tout ;
• Vêtements, chaussures et linge de maison ;
• Meubles, literie, sièges et canapés ;
• Ouvrages imprimés.
• Équipement de sport : sac à dos, ballons, balles, raquettes, vélos
• Hôtellerie

Un des points importants de l’affichage environnemental repose sur le choix du logo. En effet, certains labels destinés à mettre en avant la recyclabilité de l’emballage peuvent être facilement mal interprété par le consommateur, en créant la confusion si le label concerne le produit en lui-même ou simplement l’emballage. C’est une pratique d’éco-blanchiment qu’on peut retrouver régulièrement sur les produits. Le but est de laisser penser au consommateur que le producteur a effectué une démarche d’éco-conception pour déclencher l'acte d'achat. L’étiquetage environnemental est pour le producteur un outil de crédibilisation envers le consommateur. En effet, ce dernier est de plus en plus sensible à l’effort de préservation des ressources naturelles. Pour être crédible, il est nécessaire de présenter une démarche et une méthode de calcul transparentes, ainsi que l’utilisation de termes clairement définis. Par le passé, certains qualificatifs comme : “naturel, biodégradable ou durable” ont pu poser un problème de définition. Pour éviter les abus liés au green-washing, quatre moyens permettent d’encadrer l’affichage environnemental :

• La réglementation des états ;
• La normalisation comme les normes ISO ;
• Les guides de recommandations et de bonnes pratiques ;
• La certification comme les labels.

Si bien effectué, l’étiquetage environnemental peut participer à transmettre une image positive du produit. C’est pourquoi il est important pour le législateur de pouvoir faire en sorte que le consommateur puissent comparer les performances écologiques de chaque produit de manière claires.

Vers un affichage environnemental obligatoire

L’étiquetage environnemental est principalement appliqué par des filières de production, des entreprises ayant une vocation éthique ainsi que des administrations publiques. Aujourd’hui, le CESE recommande à terme la mise en place d’un système obligatoire unique au niveau européen. Pour le consommateur, la généralisation et l’obligation de l’affichage environnemental sur les produits constituent une avancée selon le rapport du CESE de mars 2019 concernant l’affichage environnemental. Le CNC dans son avis du 9 juillet 2013 a déclaré concernant le bilan de l’expérimentation national de l’affichage environnemental des produits que :

“ Le consommateur doit pouvoir choisir les produits qu’il achète de façon libre, en étant éclairé sur tous les aspects de l’offre du professionnel.”

Cependant, la mise en place de la généralisation de l’affichage environnemental posent des problématiques complexes concernant les producteurs. En effet, la mise en place de ce standard impose d’abord de ne pas déroger au droit de la concurrence. Aussi, la mobilisation des acteurs économiques et le coût de déploiement d’une telle démarche peuvent ralentir la mise en place. En plus de tout ça, il faut prendre en compte les contraintes générées par le marché unique européen. Il serait possible de rendre obligatoire l’affichage environnemental au niveau national, mais pas encore au niveau européen. Cependant, les autorités considèrent qu’il est plus intéressant de travailler sur une mise en place à l’échelle européenne car les contraintes législatives pour ce type de projet se situent désormais au niveau européen. L’objectif serait d’aboutir à une directive européenne cadre qui impacterait tous les pays membres. Le déploiement du dispositif volontaire d’affichage environnemental en France se poursuit avec 2 axes de travail principaux :

• Mieux accompagner les secteurs déjà engagés ;
• Remotiver certaines filières et trouver de nouveaux secteurs.

Il faut savoir que le déploiement de l’affichage environnemental a été plus difficile dans le secteur des services. C’est le cas pour l’hôtellerie, dont les établissements sont la plupart du temps plutôt engagés dans une démarche plus large comme les écolabels européens ou la RSE.

L’avenir de l’étiquetage environnemental

L’état semble vouloir valoriser les efforts des entreprises qui jouent le jeu de l’affichage environnemental. Notamment grâce aux jeux olympiques de 2024 qui seront une occasion de mettre en avant l’affichage environnemental et de l’exiger dans le cahier des charges des prestataires et partenaires pour l’événement. Concernant l’affichage environnemental textile, on peut citer Décathlon qui est une des entreprises françaises les plus investies dans le domaine de l’étiquetage environnemental. Du point de vue du consommateur, le secteur textile suscite de nombreuses attentes tant au niveau social dans les pays de production qu’au niveau environnemental par rapport à l’utilisation de substances saines et naturelles, de la pollution générée, du recyclage des matières, etc.   D’un point de vue des producteurs français, l’étiquetage environnemental obligatoire permettrait de différencier les producteurs qui s’imposent des normes élevées et éthiques de production, afin de concurrencer les produits importés. On peut citer aussi l’apparition incontrôlée de plusieurs dispositifs d’évaluation environnementale “maison”, notamment dans le domaine de la grande distribution comme par exemple pour les magasins U, Casino ou Carrefour. En parallèle apparaissent aussi des applications privées multi-critères destinées à orienter le choix du consommateur, comme l’application Yuka. Tout cela met en avant la montée d'un paradigme général de consommation et de production plus respectueux de l'environnement qui va dans le sens des objectifs de l'économie circulaire. Cependant, de nombreuses problématiques restent encore à résoudre.